La maison de ville à Perpignan
Par Laetitia Rossi - 10 août 2010
La belle catalane, 118.220 habitants en intramuros, présente, au dernier recensement, la troisième progression démographique du pays derrière Montpellier et Toulouse. La maison en milieu urbain offre un compromis idéal entre la villa indépendante et l’appartement fonctionnel. Gros plan sur un segment largement représenté au sein de la capitale des P-O.
Située entre les Pyrénées, les Corbières et la Méditerranée, la préfecture du 66 ne cesse de s’agrandir au fil des siècles, intégrant des secteurs tels que le Vernet, la Patte d’Oie ou encore Saint-Gaudérique. L’éclectisme architectural est harmonieux, rehaussé en toile de fond par les paysages magnifiques du Pic du Canigou et des Albères, véritables frontières naturelles avec l’Espagne.
« Les quartiers dits de maisons de ville ne manquent pas sur Perpignan », annonce d’emblée Marie-Christine Colombié d’Avenir Immobilier. Parallèle au boulevard Aristide-Briand, le Vélodrome s’avère agréable et nettement plus calme que la place Cassagne et Saint-Jacques. L’amateur d’individuel bénéficie là de petites unités de charme d’environ 100 m2 édifiées dans les années 1930, prolongées par des jardinets, entre 165.000 et 220.000 €. Le Balcon jouit d’une situation dominante, même si l’inconditionnel de vues plongeantes a tout intérêt à lui préférer Les Aviateurs, un environnement périphérique aménagé plus récemment. Les tarifs des réalisations 1950 sont comparables. Comme les précédentes, elles arborent une belle hauteur sous plafond et des tommettes au sol. Malheureusement, la configuration garage en bas et séjour à l’étage ne correspond plus aux exigences du moment. Aujourd’hui, on privilégie le plain-pied et l’interpénétration intérieur/extérieur. Un mode de vie que l’on obtient avec les constructions 1960 des Impôts et du Palais des Congrès, des adresses fort prisées, affichées entre 250.000 et 400.000 €. Un exemple du genre, 150 m2 parfaitement rénovés vers la gare, coûte 350.000 €. Le segment séduit les actifs avec enfants, en quête de proximité. Profondément citadines, ces familles rêvent d’indépendance et de cachet, sans jamais s’éloigner de leur lieu de travail, des écoles, des commerces et des services. A contrario, elles ne recherchent pas de grands terrains, trop lourds d’entretien. Souvent surévalué, ce marché particulier peine à redémarrer, surtout s’il convient de procéder à un rafraichissement, alors que l’appartement, clairement corrigé à la baisse, se porte bien. Les grilles tarifaires de la maison de ville rejoignent parfois celles de la villa en campagne, mais la concurrence demeure faible, les deux produits drainant une clientèle aux aspirations souvent opposées.
« Sans doute, les jolies bâtisses bourgeoises du Palais des Congrès, construites jadis par les riches commerçants à 3 mn de marche de l’hyper-centre, restent susceptibles de satisfaire à ces différents critères. Mais, en termes de prix comme de prestations, elles se distinguent déjà de la maison de ville classique », poursuit Jean-Paul Rigaud de JP Rigaud Immobilier. Les retraités hexagonaux, l’autre population censée s’y intéresser, exigent quasi systématiquement une chambre et une salle de bains en plus du salon et de la cuisine au niveau 0, une denrée rare eu égard à l’histoire du produit. Et une remise en état menée dans le respect des traditions se révèle malheureusement trop onéreuse, à moins de payer l’existant entre 1700 et 2000 €/m2, selon la condition et la situation, contre 1500 €/m2, le prix de l’équivalent en immeuble. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’activité s’avère davantage soutenue dans les quartiers de la périphérie développés à partir des années 1970.